Nous voici à l’aube de l’US Open. Il y a encore quelques semaines, Roger Federer, arrivé une fois de plus en finale de Wimbledon, avait l’occasion d’accroître davantage son avance sur ses poursuivants immédiats, en cas de victoire. Mais il a perdu. Il est resté sur place. Son adversaire, Novak Djokovic, en a profité pour se rapprocher de Rafael Nadal et de lui. Cette année, ses deux plus grands rivaux, Rafael et Novak, ont remporté respectivement pour le moment 1 et 2 titres majeurs. Fédérer fait du sur place. Désormais, dans le palmarès en Grand Chelem, Roger reste devant avec 20 titres, suivi de Rafael à 18 et Novak à 16. Compte tenu de l’âge et de l’avènement de nouveaux et jeunes talents, il est possible que Roger soit face à un mur. Quelle sera la suite des événements? Ou plutôt quelle suite va-t-il donner aux événements?
En effet, ce n’est pas la première fois que Roger Federer fait face à un mur, à une déception. Mais jusques ici, il a toujours su rebondir. Contre toute attente. Voici 5 enseignements que nous pouvons glaner de la vie de ce champion exceptionnel et de ses principaux rivaux.
1 – S’entourer des bonnes personnes
Au début de sa carrière, malgré son talent indéniable, Fédérer était considéré comme instable dans ses émotions, immature. C’est le genre d’obstacle qui peut empêcher quelqu’un de talentueux de devenir un champion dans la durée.
Pour venir à bout de ce handicap, Roger a su s’entourer d’une bonne équipe. Celle-ci a su le coacher et l’aider à canaliser ses émotions. Plusieurs années plus tard, Roger est souvent considéré comme l’un des joueurs les plus calmes et détendus du tennis masculin.
2 – Croire en soi et ses capacités
Lorsque Roger a commencé à systématiquement perdre contre Nadal en finales de Grand Chelem, beaucoup de gens ont commencé à affirmer que c’était fini, que Roger ne gagnerait plus jamais de titre majeur. On disait qu’il n’avait pas de solution, qu’il vieillissait et que son règne était terminé. C’était presque du harcèlement.
Mais Roger a toujours su garder son calme dans ces circonstances. Même quand il perdait prématurément, contre Nadal ou autre, il répétait sans cesse que son jeu était en place, que les sensations étaient présentes, et qu’il se savait capable de gagner à nouveau. Et il a su le faire par la suite. Plusieurs fois. Contre les meilleurs.
Les premières fois que j’ai commencé à sérieusement entendre les gens dire que Federer devait arrêter le tennis en raison de son incapacité à trouver des solutions face à Nadal, c’était en 2012. À l’époque, il comptait 75 titres au total et 17 titres en Grand Chelem. Mais 7 ans plus tard, le voilà avec 27 titres de plus au total, dont 3 en Grand Chelem… Combien de personnes talentueuses, jeunes ou moins jeunes, n’ont pas ce palmarès? Nombreux sont les joueurs qui finiront leur carrière sans attendre une telle marque : 27 titres au total dont 3 en Grand Chelem.
Si Roger avait écouté les autres, tous les autres, il n’en serait pas là aujourd’hui, et plusieurs des records qu’il détient encore auraient depuis été dépassés. Les murs et les obstacles existeront toujours. Les voix qui nous demandent de nous arrêter aussi. Mais ce sont nos attitudes et décisions qui pourront donner une autre saveur aux événements.
3 – Connaître ses limites, les assumer et y travailler
Roger prend de l’âge. Roger est à la tête d’une famille qui s’est agrandie avec le temps. Dans de telles circonstances, il n’est plus raisonnable d’imposer à son corps le calendrier effréné de l’ATP. Roger le sait, Roger l’a compris.
C’est ainsi qu’il a, depuis plusieurs années déjà, su ralentir le nombre de ses participations aux tournois de tennis. Et les résultats sont là. Il y a très peu (voir pas du tout) de joueur dans l’ATP, ayant son âge, qui sont non seulement encore actifs, mais font partie du Top 20 (Top 3 en ce moment), et qui sont systématiquement considérés comme favoris à la victoire finale dans chaque tournoi auxquels ils participent.
4 – Savoir se réinventer
Roger est l’un de ces joueurs dont le talent et le don sont uniques dans l’histoire. Son jeu, son élégance en font un joueur à part. À tel point que même certaines de ses mauvaises performances sont enviables par plusieurs autres joueurs de tennis.
Malgré ce talent hors du commun, Roger n’a jamais cessé de travailler. Il n’a jamais cessé de s’entraîner avec sérieux et engagement. Il n’a même pas hésité à se réinventer par moment, changeant certaines facettes de son jeu, de sa routine ou de ses accessoires, pour devenir encore meilleur.
Cette aptitude à savoir se réinventer lui a permis récemment de vaincre plusieurs fois de suite Rafael Nadal, alors que l’on s’imaginait qu’il n’en serait plus capable sur une base soutenue dans un match de grand chelem.
5 – Faire les choses par plaisir et par motivation
Roger détient un nombre fou de records. Il est possible que certains de ces records soient appelés à tomber d’ici l’année prochaine. Même si battre, détenir et améliorer certains records pourrait être un de ses objectifs, Roger a souvent répété ne pas en faire une fixation. Le plus important pour lui est de continuer à jouer au tennis aussi longtemps qu’il en a envie, aussi longtemps que cela lui procure du plaisir et de la motivation.
Lorsque la motivation et la flamme sacrée seront parties, il arrêtera. Pas à cause d’une défaite, ni en raison d’un adversaire ou d’un commentaire dans la presse.
Illustrations par PixaBay.
